Expostions collectives

Au plus près / Mauvais genre?
Exposition

Au plus près présentent des expositions monographiques de Sylvie Fajfrowska et de Philippe Gronon, artistes faisant partie de la collection du Frac Franche-Comté. Elles proposent une sélection d’œuvres récentes de ces artistes mettant en lumière la cohérence et la force de leur travail.

La peinture de Sylvie Fajfrowska fait appel à la figure humaine et mobilise des signes de notre environnement (avion, chaise, meuble, jouet,…). Mais elle tend « à chosifier » les êtres et « déréaliser » les objets. Chez elle, la couleur n’est pas descriptive et les êtres « figurés » semblent n’être que des artefacts. Ils cohabitent dans l’espace du tableau avec des éléments qui tendent irrémédiablement vers le non-figuratif : tels ces rubans qui deviennent des bandes de couleur pouvant évoquer Kenneth Noland ou Ellsworth Kelly. Quant aux objets, ils sont presque géométrisés. Ses compositions ont un aspect distancié et la couleur y accuse l’artifice de la composition. Sa matité absorbe le regard. Sa peinture, si elle fait appel à des images et intègre dans ses toiles des signes et des objets de la vie quotidienne, ne recherche pas le lissé ou le brillant de l’imagerie publicitaire et photographique. Le « faire » de la peinture y est revendiqué fortement comme en témoignent dans certaines parties de ses tableaux les marques visibles des gestes du pinceau. Elle a une façon d’abstraire les choses et les figures qui leur donne une étrange présence, nous plaçant au bord du malaise parce que justement elles sont au bord du réel. Nous avons fait le choix de ne présenter que des œuvres récentes de l’artiste.

Philippe Gronon pratique une photographie d’une très grande rigueur, privilégiant dans la majeure partie de sa production le noir et blanc pour ce qu’il permet d’une structuration formelle de l’image. Il choisit des « objets » qu’il peut photographier à l’échelle 1 et de façon frontale. L’exposition présentera un ensemble d’objets très précis : hublots, monte-charges, tableaux d’ascenseurs, tableaux électriques et coffres-forts. Le choix de l’échelle et la façon de cadrer l’objet de manière très rigoureuse donnent à ses images une « existence » très forte ; comme si, à les enregistrer ainsi, il en faisait des structures abstraites. Elles ont ce caractère froid, propre à leur aspect impersonnel. Sa photographie nous propose une sorte d’inventaire d’objets liés au stockage, au déplacement, au fonctionnement des choses, à l’accumulation. Elle évoque des lieux fermés, des espaces de stockage, des lieux de production et des lieux « protégés ». Comme le note la présentation de son travail dans la monographie que le Mamco lui a consacrée « l’art de Philippe Gronon montre somptueusement qu’il ne peut y avoir de réalité telle quelle, de réalité absolue, et que c’est en travaillant au plus près de la distance (infime et intime) entre ce qui est visible et ce qui est photographié, entre l’objet dans la réalité et l’objet de la photographie, que l’artiste invente un coefficient d’art ». Une œuvre de la collection du Frac Franche-Comté « Hublots » est présentée l’exposition.

Sylvie Fajfrowska est née en 1959, elle vit et travaille à Paris.
Philippe Gronon est né en 1964, il vit et travaille à Malakoff.

Mauvais genre?

Cette exposition présente trois artistes qui interviennent sur la condition des femmes issues de minorités sexuelles, sur les violences qu’elles subissent, et sur les problèmes de construction d’identités collectives de ces communautés (A. Gallardo et Z. Muholi). Mais aussi sur les ambiguïtés que nouent le réel et le décoratif ou les antagonismes et contrastes qui portent les expressions exprimant positivement ou négativement le sentiment amoureux ou le désir (L.Sartorio).

Pour Ana GALLARDO, cette thématique s’inscrit dans le cadre d’une œuvre qui travaille sur la mémoire collective et individuelle des hommes et des femmes victimes de la violence des rapports sociaux, sur les liens entre des individus et des communautés sociales, générationnelles et/ou sexuelles. Elle présentera A Boca de Jarro, une vidéo-installation. Dans cette œuvre la protagoniste est Silvia Monica, transsexuelle et militante de Amnar (une association de femmes qui luttent contre l’exclusion sociale et les violences que subissent les prostituées à Buenos Aires). Sur un air de tango très populaire composé par Osvaldo Fresedo, elle chante le texte d’un article sur la prostitution infantile.

Zanele MUHOLI travaille sur le genre et plus précisément la construction d’une identité de la communauté lesbienne et transsexuelle d’Afrique du Sud. Elle le fait à travers la pratique d’une activité de portraitiste et de documentariste. Elle présentera un ensemble de 15 photographies de la série Faces and Phases, constituée de portraits interrogeant l’identité de femmes lesbiennes noires. Elle montre dans son travail la diversité de cette communauté et, en opposition à une vision univoque de cette communauté marquée par les stéréotypes, elle en propose des figures multiples. Elle sera accompagnée de la projection de Hate Crime, une vidéo documentaire sur les violences subies par les femmes lesbiennes en Afrique du Sud.

Lisa SARTORIO présentera une série de photographies de la série X puissance X. Ses tirages reprennent à leur compte la tendance à la déréalisation du réel dans le motif, mais inversement, dans les interstices de motifs décoratifs quasi abstraits, elle opère un retour du réel avec ses relations, sociales, sa violence, ses stéréotypes sociaux, alimentaires et sexuels. Au-delà du motif décoratif apparaissent dans ses mailles le corps nu de l’artiste, des alignements de squelettes, des scènes de guerre ou encore des vues de cimetières militaires. Le décoratif est ici hanté par la vanité. Pour l’exposition une version spécifique de certaines des œuvres de cette série sera proposée par l’artiste. D’autre part, elle réalisera deux versions de l’œuvre Putain je t’aime, l’une composée d’un ensemble de mots d’amour ou d’insultes écrits ou collés sur la vitrine de la nouvelle véranda du 19; l’autre, le jour du vernissage, sous la forme d’une performance.

Performance Putain je t’aime de Lisa Sartorio
Réalisée avec le concours des élèves de l’atelier animé par Hervée de Lafond co-directrice du théâtre de l’Unité. Putain je t’aime c’est d’abord des mots d’amour et des insultes que l’on récolte, puis des participants que l’on recherche pour les dires. C’est ensuite une haie d’honneur qui se construit autour de ce langage entrepris comme lien social. Des mots si particuliers qu’ils impliquent l’autre avec ou sans son consentement et en font un personnage pour soi. Putain je t’aime c’est la mise en place d’un espace de jouissance, où les mots récoltés sur de l’intime, publiquement s’entrechoquent, le temps d’un passage, celui d’un spectateur, puis se taisent dans l’attente du prochain.
En partenariat avec le Festival Libres Regards.

Ana GALLARDO (née en 1958, vit et travaille à Buenos Aires) est une artiste argentine.
Zanele MUHOLI (née en 1972, vit et travaille à Johannesburg) est une artiste photographe et vidéaste sud africaine.
Lisa SARTORIO (née en 1965, vit et travaille à Paris) est une artiste française émergente sortie de l‘école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Infos utiles

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HORAIRES:
Ma - sa : 14h-18h, di : 15h-18h. Attention fermeture 14 juillet et 15 août

GROUPES ET ENFANTS:
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LIENS UTILES:
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Sylvie Fajfrowska
Philippe Gronon
Zanele Muholi

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