« Le terrain d’aventure est un espace : délimité, libre d’accès, ouvert à tous, transformable, enrichi en matériaux divers, où on propose des outils, où on peut faire du feu, où on peut faire du bruit, ne rien faire, prendre des risques ¹ ».
Pendant dix ans, les jeunes Belfortain·es ont eu accès à une superficie d’un hectare au sein du nouveau quartier des Résidences, à l’issue de quinze années de chantier (1958-1973) en raison de la crise du logement d’après-guerre. Véritable ville dans la ville avec ses 13 000 habitant·es, le quartier doit se doter d’une structuration en matière d’éducation populaire confiée au Centre départemental d’action culturelle. S’appuyant sur l’expérience des terrains d’aventure alors en cours de développement en banlieue parisienne ou encore aux Pays-Bas, celui de Belfort s’installe sur un carré d’herbe rendu aride et dur par les engins de construction. Mais la créativité de l’animateur en charge du projet, Jean-Jacques Mathieu, (dont le 19, Crac présente les archives photographiques) aux côtés de celles de ses partenaires et des enfants, ont transformé le lieu en un espace convivial aux intenses expérimentations : « on y papote, on y tricote, on y bricole, on y échange, on y tisse, on y cuisine, on y troque ² ».
À la lumière de ces diapositives et autres documents joyeusement collectés par Jean-Jacques Mathieu, la ville se révèle une fois de plus comme un laboratoire d’expériences, faite d’improvisations, composée de communautés composites, d’un tissu de relations sociales et d’affects qui en influencent les usages. Elle reflète autant les échecs que les réussites de nos tentatives de vie en commun et constitue un terrain de jeux fertile et idéal à l’exploration de dynamiques créatives collectives.

Alors, toutes les hypothèses poétiques sont permises. « Pourquoi ne pas transformer des rues inutiles en aires de jeu ? ³ », le centre d’art en amphithéâtre, la ville en bac à sable ?

Adeline Lépine

Soleil Mort & Mini Reich

En parallèle des archives du Terrain d’aventure, découvrez une sélection de films issus de la collection Ciclic - Centre-Val de Loire réalisés par Marc Guétault avec sa classe de l’école primaire Jean Macé à Chinon. Durée 48 min. / Super 8 numérisé.
Une sélection de Frédérique Barré avec la complicité de Radio Minus.

Au début des années 1970, un enseignant du primaire, Marc Guétault, affilié au mouvement Freinet, explore avec ses classes la voie du film d’animation et réalise avec elles vingt-six films. Les élèves sont alors en situation d’inventer, de créer, et aussi de découvrir tous les trucs, les trucages, les techniques de base de l’animation et de la prise de vue. Pixilation, animation en papiers découpés (photos, dessins) et prises de vue réelles sont expérimentées sur fond de Troisième Reich apocalyptique, de princesse démantibulée, de soleil à l’agonie, ou de « H.L.M à dormir debout ».

Films Consultables sur mémoire.ciclic.fr