Gaëlle Cognée
La frontière ne dort jamais
Exposition
« S’il te plaît apporte des choses inconnues.
S’il te plaît reviens chargé de choses nouvelles.
Laisse de très vieilles choses venir dans tes mains.
Laisse ce que tu ignores venir dans tes yeux.
Laisse le sable du désert te durcir les pieds.
Laisse la plante de tes pieds devenir les montagnes.
Laisse les sentiers de tes doigts devenir tes cartes
et les chemins que tu prends les lignes de tes paumes.
Qu’il y ait de la neige profonde dans ton inspiration
et que ton expiration soit le miroitement de la glace.
Puisse ta bouche contenir les formes de mots inconnus.
Puisse-tu sentir l’odeur de mets que tu n’as pas mangés.
Puisse la source d’un fleuve étranger être ton nombril
Puisse ton âme se retrouver chez elle là où il n’existe pas de maison 1.»
Les expositions CONFLUENCE de Marie Lorenz et LA FRONTIÈRE NE DORT JAMAIS de Gaëlle Cognée s’intéressent, chacune à sa manière, aux notions de biens et de lieux du commun. À partir d’une observation des relations entre un milieu et les organismes qui le peuplent 2, les artistes considèrent leurs sujets de recherches comme des compagnes et compagnons de voyage à partir desquel·les il est possible de mouvoir la réalité vers une poétique. Elles adoptent une posture « anthropologique d’observation participante […] où la différence rassemble les êtres dans la mise en commun plutôt que de les diviser en opposant leur identités respectives 3 ». C’est donc en arpentant les territoires, qu’elles produisent de nouvelles narrations telles des artistes-conteuses.
Les deux expositions pointent l’urgence d’une réappropriation sensible et culturelle de sujets qualifiés de polémiques par une approche qui préserve par ailleurs le dissensus 4 qu’ils impliquent. Car les « interprétations [des artistes] sont elles-mêmes des changements réels quand elles transforment les formes de visibilité d’un monde commun et, avec elles, les capacités que les corps quelconques peuvent y exercer sur un paysage nouveau commun 5 ». Ainsi, ces biens et lieux du commun constituent autant des sources d’inspiration que des outils à partir desquels réfléchir aux relations complexes et délicates que nous entretenons à nos territoires, nos histoires, nos écosystèmes, notre habitat et à nos semblables.
« Une rivière urbaine est le meilleur endroit au monde pour contempler l’avenir de notre civilisation. En comprenant ces domaines et notre relation avec eux, nous pourrions changer de cap, non pas comme les industriels et les urbanistes des années 1900 ou 1990, mais en changeant notre propre perception, ce qui est relativement simple 6. »
Depuis 20 ans, Marie Lorenz navigue grâce à l’impulsion des marées dans le port de New York à bord d’un bateau qu’elle a fabriqué de toutes pièces, réalisé en contreplaqué et fibre de verre. Elle y réalise des traversées, de rivières en rivières et d’îlots en îlots en compagnie de ses proches, d’autres artistes, mais également de participant·es volontaires. Ce processus-œuvre au long cours, Tide and Current Taxi [Taxi des Marées et des Courants], vient alimenter une intuition constante dans le travail de l’artiste, celle selon laquelle « quand on trouve un réseau d’espaces publics oubliés, c’est toute la ville qui s’ouvre 7 ». Expériences inédites en tant que moments partagés, chaque traversée est propice à la constitution d’une documentation et d’une cartographie des environs. Ces éléments sont répertoriés de manière publique afin de favoriser leur diffusion. Elles permettent également parfois la collecte de divers déchets et ordures trouvés dans l’eau ou sur les rivages que l’artiste réemploie ensuite dans ses œuvres plastiques.
De 2021 à 2023, elle collabore à Newtown Odyssey, une performance d’opéra interdisciplinaire à Newtown Creek 8 avec le compositeur Kurt Rhode et l’autrice Dana Spiotta. Le récit de la librettiste, associé à une scénographie spécifique, rend visible le champ des possibles de ces milieux aquatiques relayés aux zones périurbaines, ainsi que les défis écologiques uniques imposés par la pollution industrielle. Il en résulte une reconnaissance des voies d’eau comme espaces sociaux, comme sites où une esthétique paysagère peut capturer les façons désordonnées que nous avons à nous lier aux choses naturelles et non-naturelles.
Marie Lorenz convie à réimaginer ces espaces à travers une Œuvre qui défie souvent toute catégorisation, existant à la limite de l’éphémère et du tangible. Par cette pratique quasiment quotidienne, elle s’inscrit dans une certaine histoire de l’art du paysage marin, tout comme celle d’un art contemporain pluridisciplinaire rassemblant performance, happening et esthétique mésologique 9.
Pour Montbéliard, l’artiste a choisi comme point de départ un bateau réalisé pour une exposition à Rotterdam pendant la pandémie mondiale et qu’elle n’a jamais pu mettre à flot. Il devient la pierre angulaire d’une exposition qui suit mentalement le cheminement par voies d’eau des Pays-Bas à la France par le canal du Rhône au Rhin et, par la présence du véhicule familier de la vallée de l’Allan autour de Montbéliard à la Newton Creek à New York. CONFLUENCE combine, ainsi, des impressions textiles, des sculptures, des vidéos et des expérimentations sonores pour proposer un récit qui représente les deux lieux simultanément, en rassemblant des fragments qui pourraient provenir de l’un ou l’autre par un jeu de brouillage des pistes géographiques. Les murs du centre d’art sont recouverts de grands tirages réalisés à partir d’objets trouvés selon le procédé de transfert direct d’encre appelé « Gyotaku 10» ; une installation suspendue incorpore des fragments et des débris d’ici et là ; le bateau est suspendu dans son mouvement et une projection vidéo propose un récit raconté par la « voix de l’eau » qui réunit les deux paysages en un seul voyage, les deux lieux en un seul protagoniste.
Selon ses propres termes, Marie Lorenz s’est inspirée pour concevoir cette exposition d’une citation de l’auteur américain de science-fiction Kim Stanley Robinson :
« La science-fiction fonctionne à partir d’une double action, comme les lunettes pour regarder des films en 3D. L’une des lentilles de la machinerie esthétique de la science-fiction dépeint un avenir qui pourrait se réaliser ; c’est une sorte de réalisme proleptique. L’autre lentille présente une vision métaphorique de notre moment présent, à la manière de symboles dans un poème. Ensemble, les deux points de vue se combinent et se transforment en une vision de l’histoire qui s’étend magiquement vers l’avenir 11».
Avec CONFLUENCE, Marie Lorenz propose une autre métaphore des lunettes 3D, où elle remplace les verres par les notions d’« ici » et de « là-bas ». La vallée de l’Allan autour de Montbéliard et Newton Creek à New York sont deux territoires diversement touchés par l’industrialisation ou par le besoin à court terme de modifier leur paysage. Mais de rares oiseaux migrateurs traversent parfois la ligne d’horizon d’une des deux villes et l’espace des possibilités s’en retrouve alors élargit.
« L’histoire n’existe qu’à travers l’expérience que l’on en fait, par le dialogue que l’on crée avec ce qui persiste. 12»
Les possibilités issues de la rencontre entre des récits existants et fantasmés constituent également le socle des œuvres de Gaëlle Cognée. L’artiste commence à exposer en 2009 avec le collectif Plafond qui crée in situ et pense la transmission de sa pratique. Depuis, son travail personnel (vidéo, photo, écriture, performance) se nourrit également des lieux de ses recherches et les œuvres nouent, selon des principes d’assemblage, leurs histoires avec l’Histoire.
En 2015 elle réalise la performance a Concrete Hotel au C.O.D de Tirana en Albanie dont la trace est une vidéo. Il s’agit d’une conférence se déroulant dans un lieu du pouvoir politique de la ville. A partir de son expérience de Tirana, Gaëlle Cognée prolonge une autre conférence célèbre de l’histoire de l’art, celle de l’artiste américain Robert Smithson. En 1969, celui-ci intervient à l’Université d’Utah à propos d’un voyage réalisé au Mexique au Yucatá. Contre toutes attentes l’artiste n’y aborde pas sa découverte des constructions Maya, mais partage ses observations à propos d’un bâtiment, l’hôtel Palenque. Architecture anonyme, il a la particularité d’être organisé autour de formes sinueuses 13, sans centre, et d’évoluer selon des principes paradoxaux. À la fois en ruines et en construction perpétuelle, le site est tout aussi significatif pour Smithson d’une « dés-architecturisation » entropique 14 que d’une histoire culturelle locale de l’architecture. À travers la construction du récit d’un lieu fictif, le « concrete hotel », Gaëlle Cognée propose à son tour une lecture subjective d’un environnement qu’elle a arpenté pendant quatre mois.
Ce processus s’applique chez Gaëlle Cognée à des sujets très divers. Ainsi, en s’installant en Côte d’Or, l’artiste retrouve une figure omniprésente de son enfance, celle de Jeanne d’Arc, seule représentation statuaire de son village. Dans cette nouvelle géographie, c’est un château qui a accueilli le tournage du film de Jacques Rivette qui rappelle Jeanne à ses souvenirs. Elle lit alors le Jeanne Darc de Nathalie Quintane, qui explore le rapport au travail, au corps et au vêtement de la figure historique 15 et elle s’attèle à son tour à en explorer les versants contemporains. Jeanne, déployée, sans emploi est la signature apposée aux petites annonces disséminées dans le territoire rural du Montbardois durant l’hiver 2019, appelant des femmes à témoigner de leur rapport au travail. A l’issue d’une résidence-enquête de six mois, portée avec la MJC André Malraux, la signature devient le titre d’un livre, lui-même objet hybride composés de matériaux hétéroclites, de la poésie à des documents statistiques en passant par des morceaux de paroles et de non-dits.
Cette recherche artistique, sociologique, poétique et anthropologique se prolonge en 2022 avec la réalisation de l’Étendue de Jeanne en son territoire propre. Car « Jeanne porte – à son insu – des idéaux nationaux, bellicistes […] et religieux et désormais, pour l’enlever à un parti en ayant fait son étendard, le féminisme la revendique comme une femme ayant refusé le rôle de mère et d’épouse, une femme libre 16». Impliquant les créations de l’artiste Marie Bette, une classe d’hôtellerie-restauration 17, une ethnomusicologue Blanche Lacoste et la comédienne Itto Mehdaoui, cette vidéo tente d’extraire des morceaux de l’Histoire pour en proposer une version non linéaire. Jeanne y construit son propre récit, depuis un geste émancipatoire et politique issu de sa connaissance du monde. Elle y « parle et agit presque comme on l’attendait 18».
« Jeanne ne surveille pas ses moutons de la même façon après être passée par la Rue aux loups. (…) Sur le bord du chemin, il y a une grosse pierre érigée en monument discret ; on lui a dit qu’il marquait le passage du dernier loup. Jeanne se demande à quel moment on a décidé que c’était le dernier loup. Elle pense qu’en fait si l’on marque le passage du dernier loup, il n’y en aura pas d’autre, et que c’est ainsi qu’on borne un récit 19. »
À force de récits, Jeanne s’est transformée en légende, en figure hybride que l’artiste met en dialogue dans l’exposition avec celle du loup. Depuis la borne du « dernier loup » de son village, elle parcourt ainsi les récits politiques, populaires et médiatiques régionaux en lien avec l’animal, des forêts du Morvan à la rue de la beuse aux loups 20 à Montbéliard. Il ne s’agit pas de le « capturer », mais de cartographier ses traces dans les affects et les lieux. À l’hiver 2023, elle se lie à un groupe de construction de savoirs, rattaché à la coopérative des savoirs du Morvan. Il réunit, sur une initiative citoyenne, des personnes d’horizons différents, qui souhaitent partager et construire de la connaissance sur l’animal qui est de retour dans la région depuis 2017 après en avoir disparu au XIXe siècle. La vidéo, GROUPE LOUP, restitue la dernière réunion du collectif en juin 2024 et revient sur une expérience publique qui s’est déroulée un mois auparavant à la Maison du Patrimoine Oral. S’y entrelacent les ressentis subjectifs, les faits, la reformulation de paroles de représentant·es d’associations des milieux écologistes, agricoles ou de la chasse. Le seul témoin de ces récits en huit-clos est un chien, cousin docile, issu de l’élevage, du loup. La situation offre un contrepoint contemporain 21 aux procès d’antan, lieux de théâtralisation d’une justice faussée par la culture religieuse et philosophique de l’époque et menée par les entités autoritaires garantes de la « civilisation » face à l’état de nature. Avec sa dispersion, la borne du récit du loup s’était suspendue.
Depuis qu’il est réapparu, les histoires reprennent. Mais que racontent-elles désormais ?
Qu’il s’agisse du loup, de la sorcière ou de l’eau, CONFLUENCE et LA FRONTIÈRE NE DORT JAMAIS traitent de nos rapports au « non-humain », à des sujets dont la « sauvagerie » est lue à travers leurs capacités de métamorphoses qui viennent bousculer le pouvoir établi et « l’ordre des choses ». Les pratiques des deux artistes créent des espaces d’accueil de questions sociopolitiques contemporaines et du dissensus qu’elles produisent en incorporant leur capacité à dépasser les bornes, à les déplacer et en créer de nouvelles.
Adeline Lépine
Curatrice des expositions
- Ursula K Le Guin, « Chant d’initiation provenant de la loge des découvreurs », in La vallée de l’éternel retour, traduit de l’américain par Isabelle Reinhares, Actes Sud, Arles, novembre 1994 ↺
- Il s’agit ici d’évoquer la « mésologie », discipline scientifique mentionnée plus tard dans le texte voir note de bas de page 9. ↺
- Tim Ingold, « Les artistes sont-ils les véritables anthropologues ? » in L’anthropologie comme éducation, traduction de Maryline Pinton, Presses Universitaires de Rennes, 2018. ↺
- Le dissensus doit permettre de bousculer la carte du donné mais aussi d’instituer des rapports inédits entre les éléments, permettre de nouveaux possibles. ↺
- Jacques Rancière, Politique de la littérature, Éditions Galilée, Paris, 2007 ↺
- Marie Lorenz, texte d’intention pour CONFLUENCE, Mars 2024 ↺
- Extrait de Meredith Davis « Re-imagining the river: the transformation of New York’s waterways in Marie Lorenz’s Tide and Current Taxi » in Open Rivers : Rethinking the Mississippi – Water, Art and Ecology, N°3, Été 2016. ↺
- Estuaire situé dans la ville de New York à Long Island. Il forme une partie de la délimitation entre Brooklyn et le Queens ↺
- « L’émergence du thème de l’esthétique dans la mésologie apparaît, dans un premier moment, à travers les recherches sur la relation entre art et milieu, dont les pratiques artistiques jouent un rôle fondamental (…) dans la construction d’une esthétique mésologique. Le paysage a été privilégié puisqu’il constitue l’expression sensible des milieux humains. (…) L’approche mésologique, en principe, porte un regard différent sur la réalité : celui d’une vision intégrée sur la réalité tout en évitant la logique binaire entre sujet/objet. (…). Dans cette perspective, les paysages contemporains jouent un rôle important en tant que manifestation des liens établis entre l’être humain et son milieu, ce qui lui permet d’habiter la Terre. » Lenice Da Silva Lira, « Pour une esthétique mésologique : les humanismes environnementaux en question » in Sociétés 2020/2 (n° 148). ↺
- Traditionnellement, ce type d’impression a été développé pour enregistrer des objets naturels, tels que des feuilles ou des poissons. L’artiste opère ici à une substitution de ces éléments par des objets fabriqués par l’Humain. Les tirages proposent des reliques de plastique qui peuvent évoquer un coquillage ou une pierre, témoins de la contribution de ce siècle au monde naturel. ↺
- Kim Stanley Robinson, « Dystopias Now » in Commune Mag, 11.02.2018 ↺
- Note personnelle de l’artiste, Février 2024 ↺
- « Palenque est régulièrement appelée la ville des serpents. Il y a des gens ici qui adorent les serpents, et dans un sens, c’est pourquoi cet hôtel a été construit dans cette forme ondulante. (…) Tout a perdu son caractère et tout l’endroit fonctionne d’une manière complètement illogique. (…) Tu peux méditer dessus toute l’après-midi. » ↺
- Chez Smithson, la notion d’entropie est à mettre en parallèle avec les effets qu’occasionnent le temps sur les constructions humaines. Partant de l’idée qu’un jour ou l’autre il parvient à prendre le dessus sur l’édifice, le réduisant à l’état de ruine. ↺
- Nathalie Quintane, Jeanne Darc, P.O.L., Paris, 1998 ↺
- Texte de Simone Dompeyre dans le catalogue du Festival Traverse Vidéo de Toulouse, 2024. ↺
- Dans le cadre d’une résidence avec le FRAC Franche-Comté de Besançon à l’automne 2021. ↺
- Op. Cit. Nathalie Quintane ↺
- Op. Cit. Note personnelle de l’artiste ↺
- « beuse » signifie cavité. Lors des chasses aux loups, ils étaient poussés jusqu’à un espace creux pour leur capture. Les archives contiennent des traces des récompenses données aux chasseurs. Parfois, l’animal pouvait faire l’objet d’un procès. ↺
- Depuis les années 70, et en connivence avec les luttes en faveur de la reconnaissance des droits de nombreuses minorités, des juristes tentent d’instaurer des législations pour conférer à des entités vivantes et à la nature des droits similaires aux droits humains. ↺
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L’exposition de Gaëlle Cognée est estampillée par Pays d’Agglomération de Montbéliard, Capitale Française de la Culture 2024. L’artiste remercie particulièrement les Archives Municipales et la Médiathèque de Montbéliard, ainsi que la Coopératives des Savoirs du Nivernais Morvan et la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne.
Gaëlle Cognée
Née en 1988. Vit et travaille à Montbard, France.
Gaëlle Cognée est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts de Paris-Cergy.
Elle a commencé à exposer en 2009 avec le collectif Plafond, qui s’attachait à créer in situ et à penser la transmission de sa pratique. Une approche contextuelle du lieu se retrouve dans son travail personnel, principalement axé sur la vidéo, la photo, l’écriture et la performance.
Elle a été en résidence au FRAC Franche-Comté de Besançon en 2021 et à la MJC André Malraux de Montbard.
Elle est actuellement exposée à la biennale d’Art en Chapelles 2024 dans le Jura.
Ses œuvres vidéos ont été montrées à C.O.D Tirana (AL); Pauline Perplexe, Arcueil ; VUCAVU (CA) ; Maison
Composer, Saints-en-Puisaye (FR), Festival Bideodromo, Bilbao (ES) ; Festival Traverse Vidéo, Toulouse (FR).
Son travail a également été montré en dehors des institutions comme sur le chariot d’un vendeur d’escargots
ambulant…