Nelly Monnier
La République des champs
Exposition
Jouant sur des ambivalences de formes concrètes et abstraites, documentaires et imaginaires, minimales et foisonnantes, mon travail pictural commence en voyage avant de se composer à l’atelier. Les échantillons qui me servent à peindre sont extraits de l’ensemble des paysages visités. Décoratifs ou utilitaires, ayant une ambition artistique, rituelle ou signalétique, les objets et motifs de la collection photographique que je mène depuis quelques années manifestent tous le désir commun de signifier et d’embellir le chez-soi, par la forme et la couleur, et de se singulariser. Ils sont une déclinaison populaire de l’idée du beau et de l’utile.
Pour autant, ma peinture ne cherche pas à reproduire le cadrage ou l’instantanéité de l’image photographique, celle-ci me servant seulement à réactiver le contexte dans lequel elle a été prise, me rappeler un motif, une impression. Les ensembles de toiles qui en résultent immergent le visiteur dans une couleur dominante, un matériau, une saison, ou encore un sentiment comme récemment dans l’exposition Parpaing/Chagrin. Sur grand format, des sujets sculpturaux sont réagencés par affinité dans des décors naturels. Parmi eux, des tableaux abstraits de taille plus réduite viennent créer des correspondances de formes et de couleurs. La signalétique de PME y côtoie des fresques de HLM des années 70 et des sculptures de jardin évoquant des rites païens.
Plus récemment, la série Braconnage reprend l’idée d’emprunt sauvage de formes et de teintes dans les campagnes françaises. Dans cet ensemble, en apparence, deux abstractions se côtoient : d’une part une végétation simplifiée dans son dessin et son nuancier, dont les teintes opaques aplatissent le sujet à l’avant du tableau, et d’autre part une signalétique industrielle qui semble être la cristallisation géométrique de ce même nuancier. Mais si l’extrait de paysage subit un travail d’interprétation (de dénaturation), la signalétique est reproduite de manière fidèle, c’est une peinture figurative qui reprend de manière réaliste une abstraction géométrique existante et cherche à retrouver le geste technique du peintre d’enseigne. Si nous pensions reconnaître la représentation d’une réalité dans cette série, elle n’est pas tant dans les motifs naturels qui nous évoquent le camouflage (technique mise au point par un jeune peintre enrôlé dans la première guerre mondiale) mais au contraire dans la reproduction fidèle de ces peintures utilitaires. Braconnage est donc un ensemble de diptyques dans lesquels les formes culturelles côtoient les formes naturelles sans s’opposer au sein d’une même peinture mais au contraire en dialoguant, côte à côte, tout comme le font les signes qui s’intercalent dans un paysage que l’on traverse.
Nelly Monnier, 2018
Exposition hors les murs à la Cantine de l’art contemporain, École d’art de Belfort G. Jacot> Née en 1988, Nelly Monnier vit et travaille à Paris, dans l’Ain et en Essonne. Elle participe au dispositif « Artistes plasticiens au lycée » initié par la Région Bourgogne-Franche-Comté et accompagné par le 19, Crac. Elle intervient de janvier à avril auprès des élèves d’option arts plastiques du Lycée Georges Cuvier de Montbéliard et de Bac pro aménagements paysagers du CFAA de Valdoie. Peinture, dessin, photographie et vidéo seront convoqués pour synthétiser les rapports singuliers ou communs que les élèves entretiennent avec les paysages qui les entourent.
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Du lundi au vendredi de 9h à 18h, samedi 10h-12h, 14h-17h, fermé pendant les vacances scolaires.
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