Léa Chemarin

La Box de Noël, "Membrane"
Exposition

La Box du 19 est un dispositif de soutien à la jeune création contemporaine qui invite un⋅e artiste à produire une œuvre inédite s’inscrivant également dans le parcours des Lumières de Noël de la Ville de Montbéliard.

En 2022, Le 19, Crac a relancé dans ce cadre son appel à candidature à destination des étudiant.e.s et jeunes diplômé.es des écoles d’arts des régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est ; ainsi que des étudiant.e.s originaires de l’aire urbaine Belfort-Montbéliard. À la suite d’un jury collectif, c’est le projet de l’artiste Léa Chemarin, diplômée en 2022 de la Haute École des Arts du Rhin en communication graphique, qui a été choisi par l’équipe du 19, Crac afin d’investir “la Box”, vitrine haut perchée du centre d’art.


Membrane, 2022
A l’approche du solstice d’hiver et pour cette Box de Noël, l’installation Membrane de Léa Chemarin est une œuvre évoluant au rythme du cycle nycthéméral(1). Deux rideaux se juxtaposent verticalement : le premier, seul visible le jour, représente une horloge, instrument de mesure du temps ; le second, révélé à la tombée de la nuit, rassemble des éléments iconographiques évoquant différentes formes de vie qui s’animent, plus particulièrement, lorsque les Humain·es, eux, s’arrêtent. La transparence du matériau favorise un principe de transferts et de juxtapositions et joue des variations rythmiques et naturelles de la luminosité. Ainsi, ces deux rideaux-membranes, vibrent à la fin du jour de cette conversation cosmique rêvée entre différent×es habitant×es de la Terre.


Léa Chemarin est née en 1997. Elle vit et travaille à Strasbourg.
Le point de départ des processus créatifs de Léa Chemarin est le questionnement de son propre champs artistique : quelle éthique pour les graphistes ? Quels outils ? Quelles formes potentielles de travail ? et, en bout de chaîne, quels processus partagés ? Cette convivialité possible à l’endroit de l’art l’entraîne alors vers la conception de « cabanes d’idées », de « chez soi immatériels », pour observer, en filigrane, la notion d’utopie : « sans lieu » (ou-topos) ou au contraire, « bon lieu » (eu-topos). À travers des formes de narrations spéculatives, elle y explore la notion de soin et de cohabitation. Rendre visible l’invisible, modeler les clés de rêves réalisables, mettre en lumière les formes du vivant, les œuvres de Léa Chemarin revendiquent une recherche géopoétique(2) et constituent des « tentatives de se saisir de nos futurs ». Elles prennent la forme d’installations, d’éditions, d’objets graphiques comme autant de formes de vie souhaitées et souhaitables.


« Envisager cette installation comme une membrane, par laquelle se font des échanges et des transferts. Un lieu de cohabitation organique car il s’agit bien de cela : la porosité de la frontière
les yeux d’une biche brillent dans les phares
l’équilibre du côtoiement.

Mais plus nous allumons les lampadaires, plus les étoiles disparaissent. Il nous faudrait faire entrer quelque chose du cosmos
Une collections d’images, comme des morceaux de la toile des rêves, des invocations géopoétiques.

Tout cela vu à la fenêtre
depuis une paire de rideaux,
Comme une sorte de théâtre d’ombres, qui commence à la tombée de la nuit et fini au lever du jour. »

Léa Chemarin



1 - Soit 24h : le cycle d’alternance d’un jour et d’une nuit.
2 - Terme inventé en 1978 par le poète-écrivain-essayiste Kenneth White. « La géopoétique est une théorie-pratique transdisciplinaire applicable à tous les domaines de la vie et de la recherche, qui a pour but de rétablir et d’enrichir le rapport Homme-Terre depuis longtemps rompu, avec les conséquences que l’on sait sur les plans écologique, psychologique et intellectuel, développant ainsi de nouvelles perspectives existentielles dans un monde refondé », (www.kennethwhite.org).

Léa Chemarin, Membrane, 2022. Photo A. Pichon / Le 19, Crac.
Fond diffus cosmologique, cyanobactéries et perisphincte, 2022 © Léa Chemarin.