En période estivale, le 19, Crac propose de se transformer partiellement en aire de jeux offerte aux artistes et aux publics par le biais d’œuvres « bac à sable » à activer.
Le terme évoque autant le contenant de sable destiné aux enfants, qu’un type de jeux vidéo. Les jeux « bacs à sable » sont essentiellement caractérisés par l’absence d’objectifs imposés. Ils sont conçus de manière non linéaire afin de solliciter la curiosité et la créativité des joueur·euses dans un univers déterminé. De la même façon, les expositions « bac à sable » sont ouvertes à l’appropriation au sein du centre d’art. Elles donnent lieu à des invitations à des artistes plasticien·nes, mais aussi des architectes ou des urbanistes.

Bac à Sable#1 est confiée à The Outsiders, un collectif d’architectes, cuisinièr·es, artistes et éducateur·rices d’Utrecht (Pays-Bas). Ces dernier·es se désignent comme un « syndicat » dont la mission est de mettre en œuvre un certain nombre de services aux personnes, à l’environnement et plus généralement à la société. En créant des situations de rencontres alternatives dans l’espace public, The Outsiders entrent en contact avec des habitant·es, souvent à travers le prisme du jeu. Il s’agit de les inclure dans un processus de réflexion qui génère des formes d’art public ou d’architectures pérennes ou éphémères.

Attaché autant au processus qu’à la réalisation finale, le collectif tient avant tout à partager sa méthode de « désapprentissage » ¹ essentielle pour connecter les personnes à leur territoire et se rappeler qu’« un quartier n’est pas seulement une réunion d’immeubles [mais] un tissu de relations sociales, un milieu où s’épanouissent des sentiments et des sympathies ² ». Ateliers de cartographie, marches, rencontres ou débats, sont autant d’outils que le collectif déploie afin de créer des situations communes de création.

Il défend également une approche artistique qui s’inscrit dans un temps long et qui repose sur des moyens de production durables et locaux, anticipant les usages et réemplois ultérieurs des réalisations. The Outsiders ont ainsi été amené·es à créer des aires de jeux, des abribus, des jardins communautaires, des places, ou encore à réhabiliter une ferme. Au gré de leurs expériences, iels réunissent par ailleurs un patrimoine immatériel essaimé ensuite sous la forme d’ateliers pédagogiques ou d’un musée ambulant.

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L’exposition propose une rétrospective de plusieurs projets au long cours menés par le collectif à Utrecht, Maastricht et Rio de Janeiro à travers différents objets, croquis, vidéos, photographies et autres dispositifs activables. Par ailleurs, à Montbéliard, The Outsiders a choisi de mettre la ville en jeux et de faire pénétrer celle-ci au sein du centre d’art. À partir des points communs entre les géographies lointaines qu’il a pu explorer – telles que les enjeux post-industriels, post-coloniaux ou encore les zones de frictions entre la ruralité et l’urbanité –, le collectif a parcouru la ville au mois de mars dernier. Les habitant·es ambassadeur·rices et participant·es de cette marche urbaine ont constitué une assemblée spontanée qui a révélé certaines des villes invisibles qui composent Montbéliard à travers des anecdotes personnelles ou des références à l’Histoire plus lointaine de « l’enclave ³ ».
L’exposition La ville en jeux de The Outsiders rassemble ainsi des dynamiques à l’œuvre aujourd’hui dans les pratiques d’un « art public d’un nouveau genre ⁴ » qui portent en elles « une ambition de transformation du réel, qui, même modeste, insiste sur la nécessité de passer du symbolique à des formes d’agir ⁵»

Adeline Lépine