Trois p'tits tours et puis s'en vont
Avec Aurore-Caroline Marty, Cécile Meynier, David Posth-Kohler, Chloé Serre, Louise Siffert, Sarah Tritz
Exposition
Vernissage vendredi 16 septembre à 18h30.
Performance de l’artiste Cécile Meynier, vendredi 16 septembre à 18h30.
Les installations de l’exposition Trois p’tits tours et puis s’en vont ont recours à certains codes et pratiques du spectacle vivant : décors d’Aurore-Caroline Marty et de Cécile Meynier, mise en scène des vidéo performances de Louise Siffert, accessoires de D’entrée de jeu de Chloé Serre, costumes de Memory Matrix (after Paolozzi) de Sarah Tritz, marionnettes et pantins de Menteur Mentor de David Posth-Kohler et du Tristz Institutt de Sarah Tritz encore. Mais les artistes ne puisent pas tant dans le théâtre stricto sensu que dans des pratiques plus marginales ou populaires, là où se fabriquaient des figures excentriques et des parodies outrancières transgressant les conventions de la culture dominante : spectacle de marionnettes, pantomime, commedia dell’arte, carnaval ou cabaret dada. De plus, les divers éléments des installations ne sont pas mis en scène mais leurs relations mises en espace, préservant ainsi le rôle d’objets tiers à des sculptures faisant encore médiation entre l’artiste et son public.
Truffées de rappels à l’histoire de l’art, les œuvres incarnent une histoire des formes vécue au présent et entremêlée d’expériences intimes nourrissant une concrétion de récits. Le retour du sentiment est une des caractéristiques de l’art d’aujourd’hui et de sa critique, et les artistes présents ici acceptent que leurs œuvres soient affectées au plus profond par un réseau d’histoires et de relations, misant sur la capacité du visiteur à s’en imprégner à son tour.
Toutes les installations opèrent aussi selon le mode du jeu, qu’il s’agisse de celui des performeurs, artistes, comédiens ou danseurs (Meynier, Marty, Serre, Siffert), de jouets et d’accessoires ludiques (Serre, Tritz et Posth-Kohler) ou d’un espace conçu comme un plateau de jeu (Serre, Meynier). Le jeu et l’art ont de commun une activité mi -réelle, mi -imaginaire de symbolisation et de reconfiguration du monde. Il flotte donc sur l’exposition un parfum d’enfance, non pour réinsuffler quelque fraicheur artificielle, mais pour remettre l’apprentissage au cœur du processus créatif, tel celui du langage chez l’enfant, d’où l’emploi chez certains d’un langage plastique rudimentaire ou brut, parfois balbutiant car toujours en formation. En se positionnant comme des « apprenants », les artistes explorent surtout une possible remise en forme du monde, la survivance d’une plasticité qui témoignerait de la persistance d’un pouvoir de métamorphose vital.
Anne Giffon-Selle